18 avril au 8 mai 2017 - Vancouver (B.-C.) à Elbow (SK)
Le 18 avril, nous avons quittés Vancouver. Nous avions finalement décidé de louer un camion UHaul pour se rendre à Lethbridge en Alberta. Le courant sur les rivières Fraser, Thompson et Columbia était encore trop élevé. Et les portages étaient toujours hors de question en raison de mon genou. Il fallait donc trouver une alternative pour continuer à avancer. Ce n’était pas une option que nous aurions voulu prendre, mais malgré tout, elle nous permit de se rendre utile. Ayant énormément de place dans la boîte de 20’ du camion, nous avons pu transporter un autre canot, modèle Yukon, depuis Clipper Canoes à Abbotsford jusqu’à Lethbridge chez High Level Canoes & Kayaks.
Nous avons emprunté l’autoroute 3, nommée Crowsnest, depuis Hope (B.-C.) jusqu’à Lethbridge (AB). La première journée, nous l’avons passé sous la pluie et sous la neige à Bonanza Pass. Nous sommes arrêtés dans le village de Nelson pour y passer la nuit. Le lendemain, nous avons pris le traversier du lac Kootenay. La brune se levait tranquillement sur le lac et le soleil perçait à différent endroit. La route fut belle pour la deuxième journée de transport et nous avons apprécié les décors. Fernie semble est un très joli village entouré de belle montagnes enneigées. Puis, plus nous nous rapprochions de Lethbridge, plus les montagnes disparaissaient au loin derrière nous. Ce sont les plaines qui prédominaient maintenant et s’allongeaient à l’horizon.
Le 20 avril, nous nous sommes déplacés à Bridgeview RV Resort. Les responsables du terrain de camping nous ont généreusement laissé camper gratuitement durant notre séjour. Nous avons déposé le camion chez le détaillant UHaul ce jour-là et nous nous sommes préparés à repartir. Le décor était si différent. Au lieu du vert des arbres de la Sunshine Coast et de Vancouver, c’est un climat d’apparence aride que nous découvrons. Tout était dans des teintes d’ocre, de jaune et de brun. Devant nous, la rivière Oldman, qui, pour une fois coulait dans la direction où nous allions. Nous sommes restés sur place le vendredi 21 avril en raison de la pluie … pourquoi plier bagage sous la pluie, je me disais, alors que nous pourrions débuter la nouvelle étape dans notre aventure le lendemain sous le soleil. C’est donc le samedi 22 avril que nous avons repris nos pagaies. Melanie et Aidan (High Level Canoes & Kayaks) sont venus nous voir tout juste avant notre départ. Melanie nous a apportés du miel récolté chez elle et de chauds chandails que nous adorons.
Notre première journée sur la rivière Oldman a été fantastique. Il faisait chaud, soleil et nous allions vite sans grand effort. Quelle différence d’avec l’an dernier. Une saison complète à remonter le courant nous faisait apprécier à sa juste valeur le bonheur de pagayer avec le courant. La rivière Oldman nous a grandement surpris et charmée. Sa faune est abondante. Il y a tant d’espèces d’oiseaux différentes et ils sont nombreux. Nous avons vu des chevreuils à profusions, des coyotes, des renards et des loutres. Nous avons vu aussi beaucoup de vaches avec leur veau et des boeufs. Une grande partie de l’économie albertaine est basée sur la production de viande. Nous pouvons certifier qu’il y a beaucoup de bêtes le long de la rivière. Nous avons d’ailleurs rencontré, près de the Folks (rencontre de la rivière Oldman et de la Bow), John, un agriculteur et éleveur de bétail. Il a pris le temps d’expliquer tout le processus de production. Grand passionné de fossils et de dinosaures, ils nous a aussi appris où regarder pour trouver des morceaux d’arbres pétrifiés et des os ou dents de dinosaures. Il nous a d’ailleurs remis des morceaux d’arbres pétrifiés qu’il avait trouvé sur la plage plus tôt dans la journée. La rivière Oldman regorge de puits de pétrole aussi et on peut y voir des pompes travailler sans relâche.
Le lundi 24 avril, nous faisions déjà notre entrée sur la rivière Saskatchewan Sud. Il y avait un nombre impressionnant d’hirondelles qui voulaient autour de nous et allait se nourrir d’insectes à la surface de l’eau. Les hirondelles ont élues domiciles sur les parois de terres et de sédiments qui forment des monts de chaque côté de la rivière. Le relief était plus élevé que sur la section de la rivière Oldman que nous avions pagayée. Ici, on parle des Badlands. Les badlands sont des terres dénudées, ravinées et érodées par le ruissellement de l’eau. Elles sont formées de roches sédimentaires tendres. Elles sont aussi associées aux dinosaures. Nous avons passé des heures à regarder les différentes couches de sédiments dans ces impressionnantes formations naturelles. C’était aussi impressionnant d’imaginer qu'à quelque part sous l’une de ses couches de terre se trouve les restants de dinosaures.
Le mardi, nous sommes arrivés à Medicine Hat (AB) après un départ tardif sous la neige. Tout un contraste de température en comparaison des dernières journées. Nous étions attendus à Medicine Hat par Gregg, Krista et leurs enfants Gareth, Ethan et Tomas. Gregg est un ami de très longue date de Pierre et cela faisait déjà plus de 30 ans qu’ils ne s’étaient pas vu. Gregg et Pierre se sont connus grâce au Biathlon. Pierre était l’entraîneur de Gregg jadis. Les retrouvailles ont été heureuses et les nouvelles connaissances agréables. Gregg et Krista nous ont invité à aller dormir chez eux. Ils se sont vraiment très bien occupés de nous. Le lendemain de notre arrivée, nous avons pu faire nos commissions avec leur voiture et puis nous avons donné deux présentations dans deux écoles différentes (Elm Street School et École Connaught Community School). Le sujet de la présentation était: Follow your passion.
Le jeudi, Gregg et Krista nous ont convaincu d’aller à Cypress Hills avec leur voiture. Ils avaient raison de nous y envoyer. Cet endroit est particulier et il y a un beau centre d’interprétation et d’histoire. Nous avons appris qu’un couguar peut sauter jusqu’à 12 mètres d’un seul bon. Nous nous sommes aussi rendu compte que nous ne connaissons que très peu notre histoire et celle du Canada. Il y a tant à apprendre encore. Une image m’a particulièrement marquée. Celle où plus de 20,000 crâne de bisons sont empilés et forme une montagne. C’était dans les années 1878-79. Notre visite à Cypress Hills nous a aussi fait apprendre pourquoi les boeufs sont aussi présents ici. Après l’extermination quasi complète des bisons, il fallait trouvé de la nourriture pour nourrir les gens et particulièrement les premières nations qui avaient perdus leurs terres. Le gouvernement a donc créé en 1879 deux fermes d’élevages. En 1883, le chemin de fer ouvrait l’immigration dans l’ouest canadien.
Ce n’est donc que le vendredi 28 avril que nous sommes repartis sur la rivière Saskatchewan Sud. Un grand merci encore à nos amis Gregg, Krista et leur enfants pour leur grande hospitalité et générosité. La section que nous avons fait entre Medicine Hat jusqu’à la frontière de la Saskatchewan fut notre section préférée. Le décor était tout simplement sublime. Badlands, Cliffs, Bluffs, Coulees, terraces … les différentes formations longeant la rivière intriguent et fascinent. Le climat aride à semi-aride est dépaysant. Ici, les serpents à sonnette des prairies et les araignées veuves noires ont élu domicile. Il y a des cactus aussi.
Nous sommes arrêtés prendre des photos et surtout filmer un endroit grandiose où tout paraissait surdimensionné, tout juste après être sortis des limites de la base militaire de Suffield. Nous aurions passé des heures et des heures à investiguer les crevasses, terraces, plantes et roches. C’était vraiment beau. Les images suivantes ne rendent malheureusement pas du tout hommage à la beauté des lieux.
Le lundi 1 mai, nous avons croisé la jonction avec la rivière Red Deer. L’eau provenant de la rivière Red Deer était sablonneuse et de couleur thé au lait. Tout un contraste d’avec la couleur de la rivière Saskatchewan Sud (verte/jaune). Le mélange des eaux s’est fait graduellement et nous ne pouvions plus voir notre pagaies dans l’eau après un moment. Il y avait aussi beaucoup plus d’érosion le long des berges. Ce jour-là, nous avons eu droit à quelques orages durant la journée et avons reçu des grêlons. D’ailleurs, nous avons eu de la pluie à tous les jours depuis notre départ de Lethbridge et ce, jusqu’au mercredi 3 mai. Mais nous devons avouer que les cieux de la Saskatchewan sont magnifiques. Ils nous avaient impressionnés l’an dernier et ils récidivent à nouveau cette année.
Le mardi 2 mai, nous avons rencontré un couple fort charmant à Eston Riverside Regional Park. Maureen et Glenn nous ont accueillis comme des membres de leur famille. Nous avons fait une longue journée avec 86 km et passé au-travers quelques orages.
Le lendemain, c’est Ruth et Kevin que nous avons rencontrés. Originaires de l’Ontario, ils ont tout vendu il y a 10 ans pour vivre plus simplement. Ils ont voyagés beaucoup avec leur campeur et depuis quatre ans, ils travaillent durant l’été au terrain de camping du Capri Regional Park et voyage le restant de l’année. Ce fut vraiment plaisant rencontrer des gens qui ont une philosophie de vie qui nous ressemble. Vous pouvez les suivre sur leur blog à l’adresse suivante: www.travelwithkevinandruth.com.
Le jeudi 4 mai au lundi 7 mai, nous avons pagayé dans le lac Diefenbaker (extension de la rivière Saskatchewan Sud et réservoir formé par les barrages de la rivière Qu’Appelle et de Gardiner [sur la rivière Saskatchewan Sud]). La température a augmentée considérablement durant les derniers jours atteignant même 32C. Ici, c’est l’été (sauf pour aujourd’hui le 8 mai … pluvieux, gris et froid)!
Le lac Diefenbaker offre 800 km de rivage et est l’hôte de deux records mondiaux pour les plus grosses truites arc-en-ciel pêchées. Il y a 27 espèces de poissons qui vivent dans ses eaux … pas surprenant de voir autant d’oiseaux … dont le doré, le brochet et l’esturgeon. Le lac atteint une profondeur de 70 mètres. Nous sommes arrêtés à la marina Lakeside Marina Services située à Elbow. Un vrai petit coin de paradis. La marina est familiale et les propriétaires sont vraiment gentils et très accueillants. Grâce à eux, nous avons pu prendre une douche, faire l’épicerie et notre lavage. Cette marina offre 150 places à quai. C’est ici que vous devez venir pour naviguer en Saskatchewan et profiter des joies de l’été.
Le sens de la communauté ne se retrouve pas partout. Nous l’avons retrouvé à différents endroits durant toutes nos années d’aventure, mais nous devons avouer que la communauté de Elbow en Saskatchewan peut écrire tout un chapitre là-dessus. Nous sommes arrivés à Elbow le 7 mai, un dimanche. La marina était fermée, mais Donna et sa fille Tracey étaient présentent pour nettoyer et préparer la saison nouvelle. Quelques mots échangés et voilà que Tracey nous offrait d’aller faire l’épicerie. Malheureusement, l’épicerie était fermée (les heures d’été n’ayant pas encore débutées). Donna nous proposa de monter notre tente dans la cour cloturée et d’attendre au lendemain pour faire nos commissions. Elle nous donna les clefs de son camion et remis le code pour la salle de bain. Le lendemain soit lundi matin, alors que Pierre faisait le lavage au village et faisait les commissions, toute une communauté s’est présenté à lui. En peu de temps, il recevait un café gratuit et un bon pain gracieuseté de la boulangerie Back Home Bakery & Deli et de Carol. Puis nous avions rendez-vous avec Joan et son mari Dennis qui nous ont offert le dîner et une belle rencontre. Joan est l’auteur d’un livre qui porte sur la région. Voici l’information: http://www.looking-for-aiktow.com/. Puis, nous avons reçu de multiples offres pour aller rester chez des gens et même la suite du motel nous a été offerte. De nouvelles rencontres ont été prévues le mardi et une présentation portant sur le leadership est prévue à 13h30 à l’école. Nous sommes arrivés à Elbow en pensant ne faire que l’épicerie. Et puis nous voilà pris sous les ailes de toute une communauté.