Buffalo Narrows (SK) à Fort Chipewyan (AB) / 21 juillet au 17 août 2016
Jeudi le 21 juillet au mercredi 17 août 2016
C’est le mardi 26 juillet que nous sommes repartis de Buffalo Narrows. Pierre a pu terminer la construction des deux terrasse avec l’aide de DJ au Krows Nest Inn. La pluie a souvent ralenti les travaux et limité les heures de travail. Avant notre départ de Buffalo Narrows, nous n’avons pas pu malheureusement dire au revoir à Doug. Il n’était toujours pas revenu de son voyage imprévu à Saskatoon (en raison de mortalité dans la famille). Susan, Doug, Kim, DJ: vous avez rendus notre séjour à Buffalo Narrows vraiment agréable et confortable. Merci pour tout!!! Doug, toutes nos pensées sont dirigés vers toi, ta fille, ses enfants et ta famille.
Sous l’alternance de soleil et de nuage, nous avons trempé nos pagaies dans le lac Peter Pond. Peter Pond (1739 - 1807) était un explorateur, cartographe et commerçant de fourrures. Il est l’un des fondateurs de la compagnie de la North West et du Beaver Club. Nous avons eu un départ plutôt difficile avec un fort vent de travers et des vagues d’environ 6 pieds arrivant du côté bâbord. Heureusement, après avoir passé l’immense plage de sable blanc de 10 km de long, les vagues se sont atténuées. Ce soir là, nous avons dormi sur une autre belle plage de sable. En soirée, nous avons apprécié les orages qui déversaient une quantité d’eau impressionnante au loin.
Le lendemain, nous avons terminé notre séjour sur le lac Peter Pond et sommes entrés dans l’embouchure de la rivière La Loche (où nous y avons dormi). Le jeudi 28 juillet fût l’une des journées les plus dures physiquement depuis notre départ. La rivière La Loche nous a réservé bien des surprises. Notons en premier lieu que cette rivière n’est pas profonde. Sur les premiers 10 km environ, il y a beaucoup d’herbes empêchant de donner de bons coups de pagaies. Le canot n’avançait pas beaucoup. De plus, nous allions contre-courant. D’innombrables passages de petits et de moyens rapides ont été exécutés. Il y a des roches partout. Nous avons traversé des barrages de castors et avons même dû en défaire certaines parties pour réussir à hisser le canot. Nous avons marché beaucoup dans cette rivière. Puis, un long parcours sinueux, donnant l’impression de progresser très lentement, s’enchaîne à la suite des rapides, barrages de castors et roches. Tantôt nous allions au nord, puis à l’est, puis au sud, à l’est, au nord, à l’ouest, au sud, à l’ouest, au nord-est … Dans cette partie située au sud du pont de la route 956, nous avons esquivé à plusieurs reprises des cellules orageuses. Le tonnerre et les éclairs étaient tout autour de nous. Puis, l’une des dépressions a décidé que nous avions été un peu trop chanceux et elle est venue se décharger sur nous. D’urgence, nous sommes arrêtés sur le bord de l’eau. Le sol ne tenant pas vraiment sous notre poids. Nous avions les deux pieds dans l’eau et nous essayions de les garder sur les petites mottes d’herbes. Nous avons pris notre bâche Hilleberg et nous nous sommes cachés en dessous. La pluie tombait avec aplomb et certaines gouttelettes tombaient sous forme de grêle. L’orage dura environ 15 minutes. Puis, le calme est revenu. Vers 20h00, nous étions rendus à côté du pont de la route 956 (là où nous étions venus avec nos amis Jean-Robert et Odette une semaine auparavant). Nous avons érigé le campement dans les herbes et ce ne fût pas long avant que le marchant de sable ne nous rende visite.
Le 29 juillet, après avoir avancé durant trois autres heures pour sortir de la rivière La Loche, nous avons finalement fait notre entrée dans le lac La Loche. La fin de la rivière La Loche n’aura pas été facile. Nous avons dû marcher souvent, tirer le canot dans les herbes et essayer de contourner les champs de roche. Nous avons même dû déplacer des roches et défaire un autre barrage de castors. Un grand sentiment d’accomplissement s’est emparé de nous lorsque nous sommes arrivés sur les eaux calmes du lac. C’était pour nous une autre grosse étape de réalisée. Nous avons fait un bref escale à La Loche puis avons poursuivi notre chemin avant d’arrêter pour la nuit.
Sous un 30 juillet pluvieux, nous sommes repartis en direction du fameux portage Methye. Bizarrement, avant d’arriver à l’entrée de la rivière menant au portage, une odeur de parfum s’est propagée dans l’aire. C’est comme si les voyageurs s’étaient préparés, avaient mis leurs beaux habits et s’étaient parfumés avant de se rendre au point de rencontre du lac Rendezvous. C’était probablement une plante qui offrait cette odeur particulière. Nous avons pris en photo la plaque expliquant les origines du portage. Puis avons progressé un peu plus dans la rivière avant de faire un portage vers le sentier du portage Methye (19 km de long total). Le sentier était inondé. Nous avons donc marché dans l’eau avec le canot, rempli à nouveau de son matériel, avant de regagner la terre ferme. Déjà il commençait à se faire tard. Nous avons donc érigé notre campement. Le lendemain et dernier jour du mois de juillet, nous sommes repartis. Nous n’avons fait que 4 km des 12 km pour se rendre au lac Rendezvous. Boue, barrages de castors, arbres couchés dans le sentier, roches, brûleaux, moustiques, ... Cette première section s’est avérée très difficile, même brutale. Nous étions détrempés, souillés, piqués, et affamés en fin de journée. À l’endroit où nous avons monté le campement, nous avons pu profiter des gâteries de la nature. Il y avait des bluets à profusion. Nous en avons mangé des tonnes. Nous avons dû resté une autre nuit au même endroit en raison de la forte pluie et vents violents (dangereux pour recevoir un arbre mort qui pourrait nous atteindre). Cela nous permi de profiter davantage des petits fruits et de récolter de l’eau. Nous avons aussi préparé une autre gâterie que nous avaient faire parvenir nos partenaires et amis Happy Yak. Du yogourt aux fraises lyophilisé. Une vrai réussite succulente!!! C’est un must à avoir dans toutes aventures.
Le 2 août, nous avons parcouru les 8 km restants nous séparant du lac Rendezvous. Dans cette étape, nous avons passé au travers une section de forêt qui avait brûlé 10 jours auparavant. Une forte odeur de bois brûlé et de cendre embaumait l’aire. Chacun de nos pas faisait soulever les cendres toujours très volatiles. Nous étions recouverts de suie de la tête au pieds. Le son se propageait loin dans cette forêt dévastée et s’était écho. Nous étions vraiment sur une autre planète. Nous étions donc très heureux d’arriver au lac où nous avons monté notre campement près des dunes de sable.
Le lac Rendezvous est situé à 12 km au nord du lac La Loche et 7 km au sud de la rivière Clearwater. Il était le point de rendez-vous des gens du nord et du sud où s’effectuaient les échanges de biens durant la traite des fourrures. Les gens du nord apportaient les fourrures et les ceux du sud, les biens à échanger contre des fourrures. Les canots n’étaient pas transportés sur le portage, seulement le matériel. En 1862, le Père Émile Petitot rapportait qu’il y avait 400 personnes au portage. Il y avait des gens du Canada français, de l’Écosse, d’Orkney, d’Angleterre, de Norvège en plus des gens des premières nations Cree (Woodland & Swampy), Chippewa, Chipewyan, et plus encore. Il devait y régner une grande confusion dans les communications. Ce passage était emprunté par les autochtones bien avant qu’il ne soit présenté à Peter Pond en 1778. En 1793, c’est Sir Alexander Mackenzie qui l’empruntait lors de son expédition vers l’ouest (qui le mena à l’océan Pacifique). Le portage Methye a été utilisé intensivement jusqu’en 1883. Après, les bateaux à vapeurs ont pu parcourir la rivière Athabasca pour se rendre jusqu’au train situé plus au sud, mettant ainsi fin aux activités commerciales sur le portage Methye. Le portage Methye et le portage Grand Portage (situé à Grand Portage à la frontière entre le Minnesota et l’Ontario) représentent les deux portages les plus importants et les plus difficiles qui ont été utilisés durant la traite des fourrures.
Le 3 août, nous avons entamé la dernière section du portage Methye. La marche était difficile au début dans le sable longeant le lac. Puis, nous avons monté et monté. Nos pulsations étaient hautes. Le sentier était accidenté et inondé par endroit. Puis, Pierre a fait un face à face avec un ours. L’ours a eu peur et s’est sauvé rapidement. Je n’ai même pas eu la chance de le voir. Jasmine, quant à elle, a bien fait son travail et s’est mise à japper. Après avoir atteint un plateau (l’endroit le plus haut du sentier), nous avons commencé à redescendre. La descente était longue, accidentée, escarpée, épuissainte. En plus, il nous fallait faire des allers-retours (nécessaire pour transporter tout le matériel). C’est une descente d’environ 590 pieds. Plusieurs arbres bloquaient notre chemin. Pierre a dû couper plusieurs d’entre eux pour dégager le sentier. Le dessous de nos pieds faisaient mal à cause de la pression exercée en descente. Au travers les arbres, nous avons eu le premier aperçu de la vallée de la rivière Clearwater. Une fois rendus sur le plat, la végétation a changé. Nous sommes entrés dans une forêt majestueuse de trembles. Des arbustes plus grands que nous bloquaient le chemin, tout comme les arbres couchés en travers que nous avons dû déplacer ou couper. Les mouches étaient hallucinantes, à devenir presque fous. Jasmine était à bout. À 100 pieds de la rivière Clearwater, un dernier arbre nous a donné du fil à retordre. 30 minutes plus tard, il était enfin dégagé et nous avons été finalement récompensés de tous nos efforts lorsque nous avons vu la beauté de la vallée de la rivière. Et enfin, des montagnes et du relief. Ça nous manquait. La vallée était verdoyante. Nous avons monté notre camp.
Sous un soleil radieux, nous avons soulevé nos corps encore fatigués des derniers efforts de la veille. Puis, nous avons débuté la descente de la rivière Clearwater. Je dis bien descente, car cette fois-ci, nous allons dans le même sens que le courant. À chaque tournant, nous exclamions haut et fort notre appréciation de la beauté des paysages. De gauche à droite, devant et derrière … tout était beau. En peu de temps, nous avons couvert la distance nous séparant de Whitemud Falls et de son portage. Nous avons aussi quitté la Saskatchewan et fait notre entrée en Alberta. Après avoir vidé le canot, nous avons fait une marche de reconnaissance pour observer l’état du portage, mais aussi pour aller voir de plus haut les rapides et la chute. Nous sommes tombés littéralement en amour avec l’endroit. Sur le cap le plus haut surplombant les rapides et la chutes, nous avons érigés notre campement. Une agréable odeur de pins mélangée aux embruns de la rivière agrémentaient la superbe vue. Nous avons tellement aimé l’endroit que nous y sommes restés une deuxième nuit. Nous avons ainsi profité de la journée de congé pour explorer davantage et prendre de beaux clichés sous différents angles de la rivière. Nous n’étions pas seuls au campement. Un ours très curieux et pas tellement apeuré des humains est venu roder quelques fois près de notre camp. Un coup de “bear banger” et les jappements de Jasmine sont finalement venus à bout de sa témérité.
Lorsque nous sommes repartis le samedi 6 août, nous avons débuté avec le portage de Whitemud Falls. Puis, nous nous sommes arrêtés avant le passage de la première série de rapides afin de discuter des options. C’était la première fois que j’allais descendre des rapides en canot. Nous les avions toujours remontés auparavant. J’appréhendais un peu l'exercice et je me demandais si j’allais être à la hauteur. Notre canot n’est pas non plus conçu pour faire de la descente de rapides. Finalement, j’ai eu un plaisir fou. Nous avons fait tous les rapides même les catégories 3+. Nous avons seulement marcher un rapide en fin de la journée. Heureusement, car plus nous avancions, plus la forêt était brûlée. Les portages n’étaient plus visibles. Il ne restait que des arbres noircis qui tiennaient de peine et de misère debout (car les racines étaient brûlées) et que des cendres. On pouvait sentir encore des points chauds sous la terre et la marche dans ces conditions était dangereuse. Cette forêt a été brûlée en même temps que le feu de Fort McMurray (mai 2016).
En après-midi, nous avons rencontré notre premier groupe d’albertains. Avec leur jetboat, ils ont remontés les rapides et la rivière depuis Fort McMurray. Ils étaient sur un banc de sable dans la rivière lorsqu’ils nous ont aperçus et nous ont invités à aller les rencontrer. Nous avons discuté un bon moment, puis nous avons reçu deux bières pour festoyer en fin de journée la fin des rapides. Ils nous ont invités à arrêter à l’endroit où ils étaient installés pour camper durant le weekend. Chose que nous avons fait en fin d’après-midi.
Après les avoir quittés, nous avons passé une autre série de rapides. Mais cette fois, nous avons dû débarquer du canot au bout milieu de la rivière. La Clearwater est peu profonde. Son lit est constitué d’un mélange de sable et de roche calcaire. Il y avait un palier devant nous. Après avoir analysé la situation, nous sommes embarqués dans le canot et avons foncé. Mais il manquait définitivement d’eau et les deux pointes du canot ont cogner fort sur les roches à tour de rôle. Résultat, deux gros galets de gelcoat en moins. Nous avons donc décidé d’être plus sages dans le dernier rapide avant d’arriver au campement. Nous l’avons marché en faisant descendre tranquillement le canot dans l’eau.
Nos amis albertains sont revenus au campement un peu plus tard et les hommes sont repartis avec Pierre aller déprendre un des bateaux échoués en amont. Ils sont revenus environ deux heures plus tard avec des histoires qui nous ont fait bien rire. Durant ce temps, j’ai pu faire connaissance avec Michelle, Jennifer, Don et Sidney. De son côté Pierre a fait plus ample connaissance avec Darcy, Dan, Parker et son fils Nick, et tous les autres mousquetaires de la bande. Darcy et Dan sont des frères, fils de Don. Michelle est la conjointe de Darcy; Jennifer de Dan et Sidney est leur fille. Les autres membres du groupe sont des amis de longue date. Darcy et Michelle ont tout perdu dans le feu dévastateur qui s’est propagé à Fort McMurray en mai dernier. Ce feu a été surnommé “the beast”. Ils ont tout perdu à l’exception du camion de Michelle et de leur bateau. Tout le reste s’est envolé en fumée. Fort McMurray a subit une dure tragédie. Les histoires que Darcy, Michelle et Don nous ont raconté sont incroyables et dures à imaginer. Nous avons beaucoup de compassion pour tous ces gens qui ont été touchés. Pouvez-vous imaginer que certaines personnes ont quittés leur domicile par la porte de devant alors que le feu était rendu à la porte arrière de la maison. Darcy et Michelle ne pourront pas reconstruire leur maison sur leur ancien terrain. Ce dernier est considéré comme à risque pour inondation. La ville leur donnera donc un autre terrain, mais ils ne savent pas encore si le terrain leur sera imposé.
Après un bon souper en excellente compagnie, nous avons terminé la soirée autour du feu. Nous avons tellement rit. Parker est une ressource inépuisable d’histoires qui lui sont arrivés. Toutes plus loufoques les unes que les autres. Puis, Jim et Beatrice sont arrivés. Amis de longue date aussi de la famille, ils ont partagés des histoires et des rires de plus avec l’ensemble du groupe. C’est n’est que vers 2:00 le lendemain matin que nous sommes allés nous coucher. Et nous nous sommes levés avec un bon mal de tête. Nous n’étions probablement pas les seuls. ;-)
Nos amis sont repartis en fin d’avant-midi vers Fort McMurray. Puis nous avons plié bagages nous aussi et avons repris nos pagaies. Nous sommes toutefois arrêter voir Jim (74 ans) et Beatrice à leur camp et avons discuté une bonne heure avec eux avant de continuer notre descente. Ce couple merveilleux prennent soin du parc et de la section nord de la rivière. Ils entretiennent les portages et sentiers en plus des zones désignées pour le camping. Leur travail est grand et important. Merci à vous pour votre travail et ce que vous faites pour conserver la nature belle pour les utilisateurs.
Puis, quelques 40 kilomètres plus loin, nous nous sommes arrêtés pour la nuit à un endroit que Jim et Béatrice nous avaient mentionné. Nous les avons d’ailleurs revus sur la rivière environ à 1 km de notre destination. Ils ont poursuivi leur route par la suite vers Fort McMurray (Fort Mac).
Le lendemain, nous avons parcouru les derniers 51 km nous séparant de la ville. Nous avons pu observer toute la dévastation que le feu à fait et son ampleur. La forêt a brûlée sur une très grande superficie. Bien que les herbes forment un nouveau tapis vert et recouvrent le sol, les arbres calcinés dominent. Nous avons pu malgré tout observer des ours et en surprendre quelques uns sur le bord de la rivière, dont une maman et ses deux petits (malheureusement je n’ai pas été assez vite pour prendre une photo). Plus nous avancions vers Fort Mac, moins de végétation il y avait. À quelques kilomètres du centre-ville, nous avons vu des restants de maisons brûlées, dont une où seulement la cheminée en brique est restée debout.
Rendus face au centre-ville, nous avons trouvé un endroit où sortir de l’eau et monter notre matériel en haut du muret de terre. Nous avons mis les roues sous le canot et avons marché jusqu’au motel. Puis Pierre est reparti avec le canot vide jusqu’à l’entreprise de Don et Darcy située à environ 1 km plus loin. Darcy nous avons proposé d'entreposer le canot dans son local durant notre séjour à Fort Mac. De plus, il nous offrait un endroit pour pouvoir réparer le canot (endommagé dans les rapides). Tout c’est fait rapidement. En fin de journée, Pierre avait déjà donné un première couche de fibre de verre. Le lendemain, nous n’avons pas chômé. Une fois toutes nos tâches terminées, Darcy est venu nous chercher pour pouvoir passer la soirée avec lui, Michelle, Don et Amanda (une amie et passionnée de canot). Nous avons passé une superbe soirée. Quelle beau et heureux hasard de les avoir rencontrés quelques jours plus tôt sur la rivière. Nous savons qu’une belle amitié s’est créée et qu’elle le demeurera pour longtemps. Merci à vous encore pour tout.
Le 10 août, il était temps pour nous de repartir. À 11:00 Darcy est venu nous chercher au motel. Puis il nous a conduit à son entreprise pour reprendre le canot. Don, fondateur et propriétaire travaille avec Darcy chez Formula Sports & Marine situé sur la rue Fraser. Ils sont spécialisés dans la réparation de moteurs de bateaux de toutes sortes. Grâce à leur accueil et générosité, nous avons pu remettre sur pied notre embarcation. Darcy est venu nous reconduire par la suite à la plage pour pouvoir se mettre à l’eau. Nous avons dit au revoir à Darcy, puis nous avons repris notre routine habituelle. Nous avons rempli le canot et sommes repartis sur la rivière Clearwater. Puis nous avons fait notre entrée sur la rivière Athabasca.
La première partie de la rivière Athabasca est large et sablonneuse. C’est sur cette rivière que nous avons vu du sable bitumineux. Sur le long du rivage et près de la ligne d’eau, le sable est noir par endroit et souvent aggloméré pour former des espèces de galets qui font penser à de l’asphalte. Puis, nous avons vu les infrastructures de l’industrie Suncor. Leurs installations sont impressionnantes vu de l’eau et sont situés des deux côtés de la rive. L’exploitation des sables bitumineux est controversés. Dans la région l’industrie emploie toutefois beaucoup de gens. Ce bitume est utilisé dans nos biens de tous les jours. En pagayant, nous pensions à l’environnement, les changements climatiques et notre société. Nous sommes des consommateurs et nos biens sont en parti faits à base de pétrole. Même nos brosses à dents contiennent un certain degré de pétrole en raison du plastique. Nos pagaies et notre canot en contiennent, tout comme nos bottes et certains vêtements. Nos ravitaillements de nourriture transmis par la poste nécessite aussi l’utilisation de carburant. Lorsqu’on s’y arrête et qu’on y pense, on se rend vite compte que nous sommes dépendants de cette industrie du pétrole et donc des sables bitumineux. Nous sommes dépendants et en même temps, il y a décidément un impact négatif sur l’environnement de l’exploitation des sables bitumineux. Nous avons été surpris de ne pas voir d’oiseaux sur la rivière et très peu de faune. Seulement à un endroit nous avons vu des traces d’un ours.
Le 12 et 13 août, nous avons finalement quitté la zone d’exploitation. Nous avons poursuivi nos découvertes et notre descente de la rivière Athabasca. En chemin, nous avons vu de belles falaises de sable. Nous avons pris le temps d’y arrêter et d’y grimper. La vue d’en haut était spectaculaire.
Le dimanche 14 août, nous sommes arrivés à Fort Chipewyan. Nous avons utilisé le Fletcher Channel, le Canoe portage (qui est une rivière) et la rivière Embarras. Sur Embarras, il y avait moins de courant que sur le canal Fletcher. Puis, nous avons fait notre entrée dans le lac Athabasca. Il ventait du nord-est cet après-midi là. Les vagues étaient bien formées et rapides. Nous avons bien avancé et la traversée du lac pour gagner la rive nord s’est bien déroulé. La couleur de l’eau était différente. Elle était plus verdâtre, mais toujours aussi sédimenteuse. Les paysages sont magnifiques. Après avoir parcouru les derniers kilomètres dans le delta où seulement des herbes et petits arbustes poussent, nous avons vu apparaître des collines de granite colorées par le lichens et la mousse. Orange, vert, noir, rose, blanc … les couleurs resplendissaient sous les rayons du soleil. Les pins dominent sur les caps rocheux et la végétations nous fait réaliser que nous sommes vraiment au nord; au nord du 58e parallèle. Nous ne sommes qu’à 144 km à vol d’oiseau du Territoire du Nord-Ouest.
Nous avons été accueilli par Alice à Fort Chipewyan, ami de Darcy. Quelle dame fantastique, passionnée, cultivée, généreuse et décidée. Nous avons eu des échanges passionnants avec elle sur les premières nations, le traité no 8, l’être humain et sur la vie en générale. Elle a beaucoup de vécu et elle ne se laisse pas intimidé. Elle cherche à faire avancer la cause des premières nations et participe à l’établissement de la réconciliation. Ses idées sont pleines de gros bons sens. Son approche est neutre et rassembleuse. Bravo Alice! C’est tout un privilège de vous avoir rencontrée.
Alice nous a aussi ouvert la porte de sa maison et malgré son absence (car elle a dû partir le lendemain de notre arrivée), elle nous a laissé les clefs de sa maison et sa voiture pour pouvoir avoir accès à ce que nous avions besoin. Alice a aussi tout perdu dans le feu de Fort Mac. Cela ne fait qu’une semaine qu’elle a aménagé ici.
Le lendemain, nous avons pu rencontrer Derek, le fils d’Alice. Derek est aussi un bon ami de Darcy. Ils se connaissent depuis très longtemps. En fin de journée, nous avons soupé avec Derek avant d’aller faire un tour de bateau avec lui. Nous avons passé une soirée fantastique. Derek nous a amené sur une île située dans le lac Athabasca où une immense plage de sable s’y trouve. Puis, sous un merveilleux coucher de soleil, nous sommes revenus à Fort Chip. Une autre soirée spectaculaire passée en excellente compagnie. Derek nous a permi de vivre Fort Chipewyan pleinement.
Le 16 et 17 août, nous étions toujours en attente de la réception de paquets transmis par la poste. Nous avons donc profité de l’attente pour faire de plus amples recherches sur la rivière de la Paix. Le plus gros défis et la partie la plus difficile de tout ce périple est tout juste devant nous. Plusieurs nous ont dit qu’il était impossible de remonter le courant de la rivière de la Paix. Plusieurs ont essayé et non pas réussi. Un groupe de 4 hommes d’Angleterre l’on fait il y a une dizaine d’années, mais cela leur a pris 3 saisons pour réaliser l’ensemble de la rivière. Nous ne sommes pas des superhéros, mais le défis nous appelle. Nous verrons bien ce que nous réussirons à faire. La section la plus difficile est celle située entre Fort Chipewyan et Fort Vermilion. Souhaitez-nous bon courage, car nous en aurons besoin.