Fin de la voie navigable Trent-Severn & début de la baie géorgienne - 2-13 juillet 2014
2 juillet 2014
Nous sommes partis au environ de 7h30 ce matin avec l’espoir que les vagues s’étaient calmées sur le lac Simcoe. Depuis la marina où nous étions, nous ne pouvions voir les conditions du lac. Nous pouvions seulement observer les conditions autour de nous et se fier aux prévisions météo.
À l’embouchure du lac, nous avons tôt fait de réaliser que nous n’aurions pas une navigation facile. Les vagues courtes et rapprochées allaient dans tous les sens et le fort vent ne nous a pas rendu la tâche facile. Nous avons donc convenu que nous tenterions de trouver un endroit où arrêter. Les conditions se détérioraient rapidement et nous n’avions plus notre place sur ce plan d’eau. C’est au terrain de camping « Point of Mara » situé au sud de Lagoon City que nous sommes arrêtés, soit environ 11km plus loin que notre point de départ. Nous sommes arrêtés en fait de l’autre côté de la pointe du terrain de camping. Avant même de mettre pieds à terre, Jasmine s’était sauvée. C’était la deuxième fois que cela arrivait. Et tout cela pour des écureuils. Après avoir couru après elle, nous avons portagé notre matériel jusqu’au terrain de camping. Les propriétaires, Christine et Doug, nous ont accueillis chaleureusement. Nous avons pu monter notre tente près de l’eau, ce qui nous a permis d’être au premier rang pour observer les conditions (en temps réel) du lac Simcoe.
En après-midi, nous avons marché jusqu’au village de Brechin pour faire quelques achats. Il faisait extrêmement chaud sur la chaussée. Sur le chemin du retour, nous avons été surpris pas un orage. Doug, est venu nous chercher avec son camion pour nous reconduire à la porte de notre tente. Vraiment très gentil !
3 juillet 2014
Départ à 7h45 du terrain de camping. Le vent n’était pas trop présent au début de la journée et malgré la prévision d’un vent dominant du nord-ouest, nous avons eu un vent allant du nord-est à l’est toute la journée. On annonçait aussi en avant-midi un vent d’environ 7km/h. La réalité a été toute autre. Nous estimons avoir eu des pointes à 35km/h. Enfin, les vagues étaient modérées et nous ont permis de traverser le fameux lac Simcoe jusqu’à Orillia. Il était temps pour nous toutefois de sortir du lac, car les conditions se détérioraient à la vitesse grand « V ». Randy et Gordon nous avaient informés de la difficulté à naviguer sur ce lac. Ils avaient entièrement raison. Les conditions changent très rapidement. Le lac est peu profond et les vagues se forment rapidement, même avec un léger vent.
Lorsque nous sommes passés sous le pont d’Orillia, nous avons pris la décision de continuer jusqu’à la prochaine écluse. Le lac Couchiching (qui suit le lac Simcoe) était relativement calme. Et malgré la pluie qui nous talonnait au sud et à l’ouest, nous avons décidé qu’il serait mieux de profiter des conditions acceptables de navigation avant que ça ne change et que nous soyons pris à attendre plusieurs jours avant de retourner sur l’eau. Nous avons travaillé fort pour franchir ce lac. C’est le vent qui n’était pas très coopératif. Nous sommes arrivés à l’écluse #42 Couchiching malgré tout vers 13h00. Considérant que nous avons fait un peu plus de 35km, nous étions très fiers de notre temps vu ces conditions.
Après un diner copieux, de la pluie (qui a fait descendre la température) et une petite sieste, un superbe bateau s’est amarré face à nous. Il s’agit du « Akasha ». L’équipage est originaire du Texas et le bateau porte fièrement son drapeau du « Great Loop ».
4 juillet 2014
Hier soir, nous avons discuté avec Clarke et Rosemary du bateau « Akasha ». Ils sont vraiment très sympathiques. Il y a un an de cela, ils ont achetés leur bateau et depuis 3 mois, ils naviguent sur les eaux pour réaliser leur « Great Loop ». Fantastique! Ils n’ont pas perdu de temps et se sont bien préparés pour entreprendre un tel voyage. Nous saluons leur détermination et leur sens de l’aventure.
Avant d’aller se coucher hier soir, nous avons reçu une invitation pour aller déjeuner à bord du « Akasha ». Nous avons accepté l’invitation avec joie. Rosemary, Clarke sont charmants, tout comme leurs amis de longue date Janice et Joe. Nous avons passé un très bon moment en leur compagnie. Et la nourriture était excellente! Leur bateau est superbe autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il y a de belles boiseries, de l’espace et on voit que plusieurs détails ont été très bien pensés. Rosemary et Clarke peuvent être très fiers de leur bateau.
Après avoir mis le canot à l’eau, nous sommes partis pour la prochaine écluse, soit celle de Swift Rapids. Il a venté très fort du début à la fin du trajet. Il y a eu des pointes de vent à 45km/h (qui n’avait pas du tout été annoncée à la radio météo). Nous avons même eu un orage avec tonnerre et éclair. Nous sommes arrivés juste à temps à l’écluse avant que le ciel ne nous tombe sur la tête. Nous avons montés rapidement notre tente et vidé le canot.
Les portes de l’écluse ici sont gigantesques. Le site est superbe et c’est un bon endroit où arrêter. Nous avons aussi vu un serpent d’eau en fin de journée.
5 juillet 2014
Aujourd’hui, nous avons marqué la fin de la section sur la voie navigable du Trent-Severn. Nous sommes arrivés à Port Severn en après-midi où nous avons retrouvé l’équipage du « Akasha ». Avant d’arrivée à la dernière écluse, nous avons eu droit, tout comme hier, à de forts vents (pointes à plus de 45km/h). La journée sur les différents plans d’eau n’aura pas été facile, spécialement entre l’écluse de Big Chute et de Port Severn.
À Big Chute, l’écluse est très différente. On doit embarquer dans une plateforme (avec plancher et courroies pour les bateaux de toutes tailles). Puis la plateforme sort de l’eau et est conduite sur des rails qui passent au-dessus d’une rue puis qui redescend au prochain plan d’eau (soit la suite du Trent). Très impressionnant et intéressant comme expérience. À noter, vous pouvez voir le vidéo et des photos sur notre site.
Demain, la baie Géorgienne s’ouvre à nous avec ses 30 000 iles. Nous avons hâte !
6 juillet 2014
Le matin, nous avions décidé de ne pas bouger. Les vents s’annonçaient forts et nous avions à naviguer dans des endroits exposés. Hors, vers 10h00, nous avons changé d’idée. Les prévisions étaient plus clémentes et nous avions pour objectif de se rendre à Honey Harbour (soit 18km plus loin). Vers 11h40, nous étions donc dans la dernière écluse du « Trent » et un peu avant le coup de midi, nous avions les rames dans l’eau de la baie Géorgienne.
Au début, tout allait très bien. Puis, la situation s’est un peu gâchée. Les vagues prenaient de l’ampleur et le vent soufflait fort. Les prévisions météo étaient encore mauvaises. Quelques centaines de mètres avant Moore Point, nous sommes arrêtés sur une plage privée où nous avons été bien accueillis par deux familles. Après plusieurs questionnements, nous en sommes venus à la conclusion qu’il ne restait que 6km environ de navigation avant d’arriver à destination. Passés Moore Point, nous devions entre en meilleur position face aux différents éléments naturels. La journée fût dure malgré tout et nous avons pagayés longtemps du même côté. Par chance, Pierre est un homme fort expérimenté et il y a su jongler avec le vent, les vagues et nos capacités. Il nous a positionné le plus stratégiquement possible à tout moment. Il faut savoir que le canot remonte au vent et peut nous placer dans une position précaire face aux vagues. De plus, jusqu’à Killarney, nous naviguerons au GPS seulement, puis que nous n’avons pas de carte papier pour cette section.
Rendus à Honey Harbour, il n’y avait pas de place pour camper. Par chance, il y avait l’île Beausoleil à environ 2km. Cette île fait partie du Parc national des îles de la baie géorgienne. Nous sommes donc arrêtés à Pointe Tonch du Sud. L’endroit est magnifique. Les belles roches roses de granite sont présentes et plaisante à regarder. Nous avons même une plateforme pour monter la tente. Jasmine était heureuse de japper pour éloigner les intrus. En soirée, le vent et l’eau se sont calmés. Nous avions un petit feu et pas un maringouin sur nous. Un huard chantait au loin alors que le soleil baissait… ça c’est la vie!
7 juillet 2014
Journée de congé. Les conditions ne permettent pas une mise à l’eau et surtout pas une navigation dans un canot. En avant-midi, nous avons eu de la pluie et le ciel est resté couvert. Puis, en après-midi, le soleil s’est montré. Nous avons pu faire sécher nos vêtements toujours mouillés de la veille. Nous avons même pris des coups de soleil. Au souper, un autre moment magique. Tout était revenu calme, les couleurs chaudes des roches resplendissaient. Nous étions relaxes dans une quiétude parfaite. Nous avons même veillé jusqu’à 21h20.
8 juillet 2014
Wow! Un superbe levé de soleil. Nous nous sommes levés tôt soit à 5h20 et avons eu la chance d’assister au spectacle. Nous sommes partis à 7h20 en direction de Moose Point (King Bay). Au début de la journée, le vent était calme. Puis vers 10h00, il s’est mis à pleuvoir et à venter (les prévisions estimaient la pluie seulement pour 15h00). Nous étions complètement détrempés. Jasmine avait l’air d’un petit poulet avec son poil collé sur sa tête. Nous devions par moment crier nos changements de bord pour être certain que l’autre avant bien entendu. Les sons de la pluie mêlés au vent n’aidant pas notre audition. Près de Gunn Island, la pluie tombait tellement fort qu’elle rebondissait sur l’eau. C’était la première fois que je voyais cela. On aurait dû des milliards de perles rebondir sur une mer d’encre noire. Bien que la situation ne fût pas enviable, j’ai trouvé cela très beau.
Nous sommes arrivés vers 12h30 (après avoir parcouru 30km) à la marina de King Bay (Moose Point). Nous avons été froidement accueillis. Aucun endroit où camper. On nous a indiqué une île dans le fond de la baie où aller. Nous ne devions pas perdre de temps, car une tempête arrivait et nous commencions à entendre le tonnerre au loin. Rendu sur l’île, nous avons constaté qu’il n’était pas possible de monter notre tente. Les roches étaient toutes trouées et en plus, il y avait des poissons morts partout. Un homme sur un bateau ancré derrière l’île nous a indiqué un endroit où nous pourrions possiblement camper. Nous sommes donc repartis dans la baie pour trouver le petit coin loin de tout. Il n’était pas très joli. Il était sale et il y avait des déchets partout. Toutefois, nous pouvions monter la tente, même si le terrain était en pente. C’est ce que nous avons fait rapidement tout en vidant le canot. Nous avons terminé à temps juste avant le début des éclairs et du tonner. Il pleuvait toujours abondamment. Tout était mouillé dans le vestibule. Nous avons passé le restant dans la journée et de la soirée dans la tente où nous étions bien ensemble. Même si la journée a été loin d’être parfaite, nous étions satisfaits de notre progression. On doit se rappeler qu’un des synonymes d’expédition est adaptation.
9 juillet 2014
Il a venté très fort cette nuit. Il y a eu des pointes de vent à 60km/h. Et beaucoup de pluie.
Ce matin, il faisait 10°C. C’était frais et les vents soufflaient toujours à 50km/h. Malgré tout, nous avions un plan pour nous sortir de notre campement de fortune. Nous avions planifié se rendre à la marina de l’autre côté de la baie. Puis manger au resto avant d’entreprendre un portage de 2km nous permettant de se rendre à une autre marina situé dans Twelve miles Bay. Rendu à la première marina, nous avons appris que le restaurant était fermé pour la journée. Nous avons donc grignoté, puis nous sommes partis sur la route pour réaliser le portage. Rendu à la marina Moose Deere Point, nous avons été bien mal reçus. La marina est sur une réserve indienne et nous n’avions pas idée que cela allait nous impacterait négativement. La personne en charge de la marina était affirmative. Aucune possibilité pour nous de rester sur le site. Pierre est allé voir ensuite au secrétariat de la municipalité (situé non loin). La dame en charge lui a dit « Don’t expect me to help you after all the cut we had! You go that way for another 22km. » Elle blâmait les “blancs” des réductions du gouvernement. Nous tenons à mentionner toutefois que plusieurs personnes ont été très gentilles sur la réserve (comme Julie au magasin de la marina et le pompier volontaire). Ce n’est que certaines personnes qui ont été très froides. Nous sommes donc partis sur l’eau et nous avons trouvé un site où camper 6km plus loin. Nous n’avons pas réalisé une grosse journée en kilomètre, mais une grosse en effort et en émotions.
10 juillet 2014
Nous sommes partis sereins ce matin. La journée d’hier était dernière nous. Malgré tout, nous avons eu une autre journée dure en émotions et en force. La navigation au GPS ne m’est pas facile (Jen) et depuis que nous n’avons plus de carte papier, je donne les points de contact et les confirmations à Pierre sur notre direction. Il doit s’assuré pour sa part de garder le cap et de garder le canot dans le bon sens face aux vagues et au vent durant mes lectures. J’avais convaincu Pierre avant de partir que nous pourrions naviguer seulement au GPS (sans le garder ouvert toute la journée) et préparer notre navigation du lendemain à partir de l’ordinateur (dans lequel nous avons un système connexe au GPS). Je devais être en mesure de bien faire mes estimations, confirmation et lecture du terrain avec l’aide des cartes du GPS. Je me rends compte finalement que j’ai de la difficulté à placer ce que je vois (au GPS) sur le terrain. Cela m’a fait prendre de mauvaises décisions et cela nous a fait perdre du temps dans la journée. À quelques endroits, nous aurions pu être protégés du vent par des îles, mais nous avons passé loin en pensant que tous ces îles faisaient partis de la côté. Pierre pour sa part à travailler fort (plus que supposé) pour combattre les effets pervers du vent et des vagues. Enfin, ce ne fût pas la journée la plus glorieuse pour aucun de nous et pour l’expédition.
Nous sommes arrêtés en après-midi à Killbear Provincial Park. C’est un endroit superbe. La plage fait presque toute la longueur de la baie. Il y a de grosses roches roses et des pins blancs. Nous avons été acceptés sur un site de campement non loin de la plage, mais situé en hauteur. Ce fût un gros portage pour Pierre. Je devais restée avec Jasmine au site et commencer à monter notre tente et placer les choses au fur et à mesure que Pierre les montait. En soirée, Ena, une grande amie de Leah Schwenger (notre amie), est venue nous voir. Elle nous a apporté de la bière et nous a invités à venir déjeuner chez elle. Elle demeure près du parc. Ce fût une agréable rencontre. Un gros merci à Leah qui s’est assuré d’informer son amie de notre présence. Non seulement Leah est notre ressource pour s’assurer que les textes en anglais du blog sont corrects, elle est aussi une donatrice et maintenant une gestionnaire. Merci Leah!
11 juillet 2014
Dur réveil ce matin. Il y a environ 2 jours, une douleur est apparût dans mon épaule gauche (Jen), mais ce matin, c’est anormal. Cela m’a aussi réveillé plusieurs fois cette nuit. Leah nous a aidé ce matin à se mettre en contact avec Ena. Ena m’a très généreusement amené à l’hôpital à Parry Sound. Dès 7h15, nous étions sur la route vers l’hôpital. Verdict du médecin : blessure à un muscle et excès d’utilisation (donc aggravation de la blessure). Je dois prendre au moins 2 jours de repos avec anti-inflammatoires. Par après, il faut voir comment mon épaule va aller.
Ena nous a offert de venir rester chez elle plutôt que de rester au terrain de camping. Nous avons acceptés l’invitation avec joie. Après l’hôpital, nous avons fait quelques commissions ensemble. Puis elle est revenue au terrain de camping chercher du matériel ne nous laissant que le canot et quelques articles à transporter jusqu’à son cottage. Sa voiture était remplie. Nous avons donc pagayés jusqu’à son terrain (situé non loin). L’endroit où elle demeure est splendide. La vue est fantastique et le paysage très enchanteur. Son cottage surplombe de belles roches de granite rose.
Ena est très généreuse et accueillante. Elle fait tout pour que nous nous sentions comme chez nous. Ena transpire la joie, le bonheur et la sérénité. Elle est la bonté même. Nous prendre sous son aile ainsi représente beaucoup pour nous. Merci, merci, merci !!!
12 juillet 2014
Wow! Ena est une excellente cuisinière. Elle nous a offert un lunch et un souper digne des rois hier. Nous avons très bien dormi par la suite. Je ne pouvais pas dire ce matin que mon épaule était mieux. Il y avait une sensation de brûlure qui se propageait dans mon bras. Enfin, seulement le temps et les anti-inflammatoires viendront à bout de mon problème.
Nous avons passé une très agréable journée avec nos hôtes. Dennis, le mari d’Ena, est arrivé au cottage sur l’heure du diner. La journée a passé rapidement au fil de discussions intéressantes et de partage d’expérience. Leah nous avait trouvé un emplacement de choix avec des gens avec qui nous avons eu du plaisir et que nous apprécions énormément. Nous avons aussi bien rempli notre estomac. La nourriture était généreuse, bonne et toujours bien présentée. Le souci du détail était présent, tout comme le bon goût.
13 juillet 2014
Au levé ce matin, je pouvais sentir une amélioration de ma situation. C’est encourageant. Encore une journée de repos aujourd’hui devrait m’aider. Mais je crois que le retour à la pagaie devra être progressif.
Après avoir pris un déjeuner comme nous en aurons peu dans les prochaines années, nous avons convenu de nous relocaliser plus près de Killarney et dans un endroit qui sera plus protégé pour les navigations des prochains jours. Ainsi, nous pourrons retourner sur l’eau progressivement, sans mettre trop de pression rapidement sur mon épaule. En début d’après-midi, Dennis et Ena nous ont conduits jusqu’à Britt. D’ici ce point, il ne nous reste qu’un peu plus de 80km à faire avant de se rendre à Killarney.
Ena et Dennis : En plus de nous avoir hébergés, généreusement nourris et nous avons fait sentir comme à la maison, vous nous avez transportés à Parry Sound, puis à Britt. Nous vous serons éternellement reconnaissants pour tout. Votre hospitalité et votre chaleur humaine nous ont été précieuse dans un moment critique. Merci !